Tant de jours sont passés sur nos lèvres... De petits matins d'été en petits matins d'été, tant de nuits laconiques, sur les frasques naïves de nos rêves naïfs sont passées.
Tant de verbes conjugués avec ou sans compléments d'objet direct, tant de mots griffonnés et épars, reliés à tant de mots, enveloppés dans tant de rêves... attachés à tant de gestes, préparent l'évasion.
Tant de jour sont passés sur nos lèvres... tour à tour, inexorablement, tant de jours sont passés.
Sur les couilles de Cézanne, les paillettes de Robert, les gris de Nicolas, les bleus de Delacroix, la lumière hédoniste de Monet, tant de jours sont passés... En scrutant les nuances, à la manière d'un chef d'orchestre hanté par la profonde extravagance d'une plainte complexe et éternelle, au fin fond du désert, je passe... je contourne... je traverse...
et repasse... et repasse... dans ce désert absurde comme un homme amoureux, qui frémit d'impatience en attendant la foudre sous un ciel rose et beau comme le rose des ailes du flamand... impassible.
Tant de jours sur nos lèvres sont passés... pourtant, j'ai sur le bout de la langue, toujours cette petite phrase :
Quelqu'un comme toi, aura toujours le temps.
Quelqu'un comme toi, aura toujours le temps.
Quelqu'un comme toi, aura toujours le temps.
Quelqu'un comme toi, aura toujours le temps.
Quelqu'un comme toi, aura toujours le temps.